L’invention de la sophia-thérapie

L’invention de la sophia-thérapie

Dans Maintenant, suis tes chemins de rêves, le vieux sage que rencontre Malo se présente comme un sophia-thérapeute :

« – Votre métier, m’aider à prendre une décision ? Mais quelle sorte de métier exercez-vous donc pour faire ça ?

Je suis sophia-thérapeute.

Je n’avais jamais entendu parler de ce métier, pour la simple et bonne raison qu’il n’existait pas et que c’était cet homme qui l’avait inventé. »

Pourquoi ai-je ainsi fait le choix d’inventer cette nouvelle discipline susceptible d’éclairer le personnage de Malo, en quête de réponses sur la suite de son existence ? D’abord parce que la possibilité d’inventer des idées ou des disciplines nouvelles est un privilège de l’écrivain dont j’aurais bien tort de me priver ! Et puis aussi parce que je n’arrivais pas à identifier la discipline existante qui soit suffisamment adaptée à la nature de l’accompagnement que réalise mon vieux sage.

Ce dont a besoin Malo pour prendre sa décision de changer de vie, c’est d’une bonne dose de sagesse, et pour délivrer ses conseils, mon personnage de sage aurait pu être philosophe, psychologue, guide spirituel ou, comme on dit maintenant, conseiller en « développement personnel », voire « coach de vie ».

Je ne suis pas convaincu par le terme de « développement personnel », qui suggère l’idée que la sagesse pourrait se développer, comme on développe un projet ou une activité économique. Je crois profondément que le travail sur soi consiste à retrouver la sagesse qui est déjà présente en nous plutôt qu’à la développer en partant du postulat, à mon sens totalement faux, d’un faible niveau de sagesse qui serait le nôtre au départ. Mon vieil homme aurait donc éventuellement pu s’appeler « conseiller en retrouvailles personnelles » plutôt qu’en « développement personnel » !

Le terme de « coaching » est quant à lui à la mode et vous pouvez aujourd’hui faire appel à toute sorte de coach pour vous accompagner dans des domaines de plus en plus variés : coach sportif, coach professionnel, coach personnel, coach familial, coach financier, coach littéraire… Si vous avez besoin d’aide pour prendre des décisions dans votre vie ou pour améliorer la gestion de votre quotidien, vous pouvez solliciter un « coach de vie ». C’est ce qu’aurait pu être mon personnage, mais le terme de « coach de vie » est très vague et ne dit rien sur le contenu de l’accompagnement qui est proposé. Il ne contient pas l’idée de sagesse, qui est bien la caractéristique de l’enseignement du sophia-thérapeute.

C’est la même raison qui m’a fait écarter le terme de psychologue. Ce spécialiste est formé à l’analyse et à la compréhension de la psychologie humaine, et il serait donc tout à fait apte à éclairer Malo sur les enjeux de sa décision. Mais tout comme le terme de coach de vie, celui de psychologue ne contient pas l’idée de sagesse et ne précise donc rien sur l’orientation de l’accompagnement réalisé.

Dans de nombreuses cultures, le guide spirituel est celui à qui il faut faire appel quand on s’interroge sur l’existence. En Inde, on l’appelle le guru, terme assez péjoratif en Occident puisqu’il est employé pour qualifier le chef manipulateur sévissant dans une secte. Dans la France d’autrefois, c’était le curé, l’équivalent catholique du guide spirituel, qui jouait ce rôle de conseiller en questions existentielles, en des temps où les cabinets de psychologues et de psychanalystes n’existaient pas encore. Mon vieux sage, très versé dans la spiritualité, pourrait mériter ce qualificatif de guide spirituel mais une fois encore, ce terme ne dit rien sur la dimension de sagesse contenue dans son accompagnement. Par ailleurs, nous aurons l’occasion de revenir dans un autre article sur ce terme de « spiritualité », qui peut être connoté négativement lui aussi si on s’inscrit dans une perspective laïque, voire athée, et qu’on le confond à tort avec le terme de « religion », qui n’a pas meilleure presse.

En fait, c’est le terme de philosophe qui serait sans doute le meilleur candidat pour qualifier le métier de mon personnage. Sophia signifie la sagesse en grec, et philo est un préfixe désignant la sympathie voire l’amour pour l’élément qui le suit, ici la sophia. La philo sophia, c’est donc l’amour de la sagesse. Mais mon vieil homme pratique cet amour de la sagesse avec une approche particulière, celle d’un véritable thérapeute. C’est une sorte de guérisseur qui intervient pour soigner une maladie assez répandue à notre époque moderne, marquée par la démesure et l’égocentrisme triomphant : le manque de sagesse, comme on peut manquer de vitamines, de globules rouges ou de magnésium. Le vieil homme n’a pas pour rôle de questionner la sagesse comme le ferait un philosophe, avec force concepts et arguments, mais d’apporter une forme de guérison en invitant les personnes qu’il accompagne à retrouver le chemin de leur sagesse, et à prendre les décisions qui les remettent sur ce chemin.

Et c’est ainsi qu’est née dans mon esprit d’auteur la sophia-thérapie, cette méthode de guérison par la sagesse qui va permettre à Malo d’y voir clair dans sa décision de retrouver le chemin de ses rêves.  

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